Jeudi …
Petit texte au cœur d’un événement pour le moins troublant
qu’il n’est pas possible de publier pour le moment. En effet, nous voilà un peu
coupés du monde, dans l’impossibilité de rassurer nos proches : plus
d’internet, réseaux sociaux coupés, téléphone hors service… Si toutefois
l’envie nous prenait de nous joindre à la manifestation, on n’a même pas
l’heure et l’endroit du rendez-vous ! Trêve de plaisanterie, nous suivons
les informations télévisées au même titre que nos compatriotes français et
découvrons les images de guérillas urbaines à Libreville, avec stupéfaction.
Nous ne sortons pas de chez nous, retranchés derrière nos murs. Dans notre
quartier, le calme est de mise. Quelques rires de gardiens réunis dans la rue,
des cris d’enfants qui jouent au ballon envers et contre le monde qu’il tourne
ou pas. Chaleur, soleil et petit vent frais, créateur d’ambiance, bruissement
des feuilles…et le va et vient de ces hélicoptères de l’armée qui nous laisse
penser qu’au loin, peut-être encore de l’agitation…
Nuit agitée là-bas, dans ce là-bas où nous ne nous risquons
pas pour le moment. Nuit qui respire la colère
des hommes, en quête de justice. Entre
deux vagues de silence, quelques échanges de tirs … Ce n’est pas très loin
cette fois… On guette les bruits, on se rendort, bercés par le ventilateur…
Le cercle amical n’est pas créé mais la solidarité est bien
présente. Des appels sur portable qui passent. Les amis du Havre travaillant à
Moanda…Tous les jours un coup de fil pour savoir si ça va. Les amis des amis, qu’on n’a jamais vus, savoir si on a
besoin de quelque chose… Au milieu de tout cela, du réconfort. Chouette, on
n’est pas tout seuls !
On a fait les courses pour 10 jours. Oups, on en est à
8 ! On vient d’arriver …Les placards se vident ! Il faut ruser !
Pour le moment, les loulous ne manquent de rien… La suite…pâtes au thon, puis
pâtes bolognaise, puis pâtes carbo. Possibilité de pâtes à la sauce tomate et
même de pâtes au beurre ! C’est l’Amérique ! De toute façon, si on
voulait braver les barrages et faire des courses (euh…ça ne m’a pas traversé
l’esprit !), les magasins ont été pillés et sont fermés pour la
plupart ! Pour l’instit’ que je suis, les exercices de confinement de 1h30
ne me stresseront plus !!
Nous attendons que l’apaisement trouve sa place dans ce
petit chaos politico-social…patience…
Mag
Samedi …
Deux nuits calmes… La démocratie se mure dans le silence. La
vie reprend progressivement ses droits. Je suis sortie hier pour la première
fois. Jean-Luc, le proviseur et sa femme Marie-Christine sont venus me chercher
pour une « course-party ». Le baroudeur Jean-Luc qui connaît
Libreville comme sa poche, a trouvé une épicerie ouverte à force de sillonner
les rues. Nous voilà partis ! Spectacle de désolation dans les rues où
nous zigzaguons entre les restes de barrages improvisés, brûlés. Là du métal,
ici des pierres… Le quartier général de l’opposant a été bombardé par
hélicoptère en représailles à l’incendie de l’Assemblée Nationale. En face, un
grand magasin, pillé et brûlé. Impressionnant… Quelques incendies continuent de
se consumer, signe que les événements sont encore frais… Des barrages policiers
jalonnent les rues. Jean-Luc nous emmène dans un dédale de rues pour parvenir à
l’épicerie tant convoitée ! Les rayons sont tristement vides mais on
trouve de quoi tenir. Curieuse balade,
d’autant que c’est la première fois que je vois les petites rues de LBV. On
s’arrête dès qu’on voit un marchand de fruits et légumes, on s’arrête
encore…celui-là vend des papayes ! La boulangerie accuse 30 mètres de
queue … Aujourd’hui, quelques grandes chaînes ont ré-ouvert leurs portes. Le
feu s’est embrasé aussi vite qu’il s’est éteint emportant avec lui tout de même
5 personnes, au nom de la démocratie…
Lundi 5 septembre.
Nous voilà de retour ! Les connexions Internet ont été
rétablies ce matin et nous avons pu rassurer certains de nos proches par voie
de mails. Ce n’est pas le cas des réseaux sociaux, au grand damne de notre fils
aîné Noé, qui rêve de connexion Wi-Fi la nuit ! Ici, les esprits se
calment et la vie reprend son cours. Les magasins ré-ouvrent leurs portes
progressivement, la population se ré-approvisionne et la circulation se
densifie … Voilà deux jours que nous avons commencé à remettre le nez dehors.
Tel un chat, nous augmentons progressivement et le plus prudemment du monde,
notre périmètre d’exploration ! Oh pour le moment, rien d’extraordinaire
mais tout est tellement découverte ici, que cela mérite qu’on prenne le temps pour
avancer. Nous déambulons dans les petites rues de LBV en voiture afin de nous
créer quelques repères visuels. En effet, ici, tous les quartiers se
ressemblent et l’on passe de l’un à l’autre sans réelle conscience de le faire.
Ainsi, nous sommes surtout allés à la mer ces deux derniers
jours où nous nous sommes promenés le long du littoral et avons pris le temps
de déguster une boisson dans un bar de bord de mer. Quel bonheur que celui de
respirer le grand air ! Cela devenait vital !
Petite ovation pour nos enfants qui, l'espoir meurtri chaque jour au lever, de constater le silence Wi-fi, condamnés aux 4 murs de la maison, ont fait preuve, tout le long de patience et de bonne humeur. Ceci n'est pas un moindre élément au fait de traverser cette "mini-épreuve" dans la plus "positive attitude" possible ! Lecture, parties de cartes en famille, en solitaire, un coup de X-Box, un bon film, quelques éclats de rire devant la situation (on a écrit des chansons pour Ali, le Président, où on lui demande de rétablir la Wi-fi ! Gabin à la guitare, le reste de la famille en chanson ! Mémorable ! )
Bref, notre quartier Charbonnages a été très touché par les événements, le quartier général du
principal opposant étant à quelques centaines de mètres de chez nous. Cependant, il a regagné en agitation positive et en
sérénité. Une myriade de petites bicoques commerciales appelées "maquis" habillent le paysage urbain. Pour l’heure,
tout va donc très bien pour nous. Nous apprenons, cependant, ce matin, de la bouche
de notre ménagère Aïcha que d’autres quartiers, plus populaires, ont sombré
dans une profonde violence. Les habitants ont été pillés par leurs propres
voisins, raquétés sous la menace d’incendie de leur maison, etc… Un commerçant malien, voulant défendre son
magasin, a été tué. 8 morts… Aïcha, togolaise, semble profondément
bouleversée. Elle dit n’avoir jamais connu de telles violences à Libreville. Ses
parents souhaitent quitter le pays. Ici, pas question de politique…la misère a
déclenché des réactions d’une ampleur sans précédent.
Eh oui, belle vérité universelle…la vue n’est jamais la même
pour chaque fenêtre, selon la classe sociale occupée …On vous embrasse tous. Soyez rassurés pour nous. Merci pour tous les messages découverts ce matin qui nous ont fait du bien... Quelques photos de ces jours-ci...
Mag
Heureux d'avoir de vos nouvelles et de constater que pour vous ca à l'air d'aller....même si je ne m'inquiète pas trop .... A priori la presse française annoncé de nouvelles coupures d'Internet j'espère que cela ne durera pas trop et que nous aurons d'autres nouvelles rassurantes... Biz lolo
RépondreSupprimerOui effectivement les coupures risquent d'être récurrentes, que dis-je ? Elles le sont déjà !! Internet fonctionne la journée mais est coupé le soir... Donc No panic si on ne répond pas dans la minute... Que du bonheur ! Bises à vous 4 ! Mag
SupprimerKrooooooo belles les photos maîkresse!
SupprimerBises à vous tous et merci pour ces récits Mag.... Lolo
RépondreSupprimerah super de vous voir profiter de l'extérieur avec bonheur! et bien cette mise en "quarantaine familiale a eu du bon sur la cohésion du groupe Griffe, il me semble! Merci , Mag, de nous avoir relater ces quelques jours, après les interrogations que nous avions sur votre état d'esprit, je ne suis pas du tout inquiète, l'esprit Magalénien a encore sévi!!!
RépondreSupprimergros bisous à tous les 5 Pat
Heureuse et soulagée!!! Je vous embrasse tres fort
RépondreSupprimerHeureuse et soulagée. Je vous embrasse
RépondreSupprimerPs: ai aussi enfin compris comment publier un commentaire youhouuuu champagne!!!!!
Bien contents de voir que la vie reprend presque normalement. Soyez sûrs que nous pensons fort à vs tous les jours, traquant la moindre petite info sur le Gabon mais Sarko et Bygmalion vous ont volé la vedette dans le JT... Il va maintenant falloir que Mag se promène nue ds Libreville pour refaire la une... gros bisous de ns 5 en attendant de se skyper!
RépondreSupprimerHello soulagés de voir que ça va "dans le meilleur des mondes". Courage. Grâce à vous nous allons devenir des spécialistes du Gabon.
RépondreSupprimerLes Joyeux-Hébrard.